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31 janvier 2011

Chapître 8 - Mantes la Jolie, Février 2007.

Ils étaient assis sur le canapé blanc. Il  écouta ses plaintes. Yesirah se débattait avec ses démons. Une lutte interne où son intellect ne parvenait pas à l’accord avec les souffrances de l’enfance. Il restait silencieux, tandis qu’elle se déchargeait, sans que les phrases encombrées, bousculées, ne la délestent de son fardeau. Il approcha son doigt du visage de Yesirah.  Elle leva des yeux froncés et inquiets. Dans son paroxysme émotionnel, elle n’acceptait pas d’intrusion. Mais quelque chose d’impassible et de muet se dégageait de lui, qui immobilisa une fraction de seconde le flot désordonné des pensées et des mots. Peu à peu, sa raison vigilante ferma les yeux. Elle le laissa faire. Il posa son index entre les deux yeux de Yesirah.

Les larmes coulèrent, fluides, incontinentes. Les structures osseuses de sa cage thoracique, les jointures de son corps prostré, lâchèrent ; l’énergie afflua et parcourut ses membres. Des images, ou pour être plus exact, d’anciennes femmes, d’âmes du fond des temps la submergèrent. Des cris qui se faisaient entendre pour la première fois : violents, précipités, urgents. Ils lui étaient destinés. Elle se sentit reliée à la douleur de ces femmes, sans savoir pourquoi. Une vague de souplesse accompagnait la violence de la décharge, comme une eau retenue trop longtemps  par une entrave reprend sa forme oblongue. La pièce changea de couleur. Il n’y avait plus que la légère chaleur sur le front de Yesirah, sous l’index patient d’Antise, mêlée à une foule d’idées et d’émotions. Le flux se concentra au milieu du front. Yesirah reprit conscience des menus bruits de la pièce. Une douce paix l’envahissait.

Quand elle eût fini de pleurer, il retira son doigt et la serra dans ses bras. Le sommeil se fraya un passage comme un couteau, fendant leur conscience.

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Commentaires
W
Bien écrit, profond et intense, chapitre court mais prenant.
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