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31 janvier 2011

Chapître 12 - Paris, juin 2007.

Il l’accueillit d’un sourire franc qui découvrait ses larges dents. Il l’embrassa distraitement sur les lèvres. –Mm, bella, fit-il en reculant légèrement pour admirer sa tenue. Il était à peine 19h, l’Hôtel du Nord était presque vide. Un couple d’une quarantaine d’années occupait une petite table carrée et l’homme, qui ne détachait pas son regard de la femme, tenait sa main dans la sienne, au centre de la nappe blanche. Entre les tables vides, les meubles et le personnel, ils formaient un œil où se concentrait une tension magnétique, attiraient irrépressiblement l’attention. Les armoires et les hauts buffets de bois noir assombrissaient la pièce, et une serveuse en tablier dentelé allumait de petites bougies, qu’elle disposa avec soin au centre des autres tables.

-je sais que tu préfères être de ce côté, fit Darkham d’un ton malicieux en lui proposant la chaise matelassée qui faisait face à la pièce. Yesirah s’assit et balaya machinalement la salle du restaurant du regard. Elle sentit une légère angoisse à s’assoir en face de lui, qu’elle mit sur le compte de l’illégitimité de leur entrevue. Elle avait dit à Antise qu’elle dînait chez un couple d’amis.

-Vin rouge ? Tiens, un petit Madiran, parfait.

Darkham se frotta les mains. Il semblait content d’être là et ne voyait  pas l’écart qu’il y avait entre leurs humeurs. Yesirah se tenait droite et réfléchissait à ce qu’elle pourrait dire. Face à Darkham, dont le désir pour elle était pourtant ostensible, elle se sentait rigide. C’était étrange ; elle sentait pourtant son regard s’attarder sur la naissance de ses seins, son pied caresser sa jambe sous la table. Ce geste lui parut déplacé et grossier. Sa manière de lui montrer qu’elle lui plaisait jouait toujours sur la surface ; elle paraissait chaleureuse, mais Yesirah ne sentait que le froid. C’était peut être ça, au fond, qui l’intriguait. Sa façon d’être, tellement directe, extravertie, aux antipodes de son intériorité à elle. Qui l’avait bousculée au début et qu’elle trouvait fade à présent. Cette séduction ne la touchait pas, ne la remuait pas.  Darkham leva le verre pour trinquer à leur soirée et Yesirah comprit qu’elle ne l’aimait pas. La vague culpabilité de feindre tout ceci l’assaillit. Elle trinqua. Ils  burent et ils mangèrent. Son estomac était tendu et elle redoutait le moment où ils sortiraient de table et où Darkham poserait les mains sur elle.

-ça va ? Tu es songeuse...

-Un peu

-C’est lui ?

-Je lui ai dit que je ne te voyais plus mais il ne me croit pas

-T’es assez grande pour savoir ce que tu as à faire non ?  S’il t’embête avec ça, arrête de le voir. C’est qu’il n’est pas apte à comprendre ce truc que nous avons, les lucides. Que la tendresse se partage. S’il ne comprend pas ça…

Yesirah ne répondit pas. Pour Darkham, les choses étaient simples. On pouvait être proche affectivement et sexuellement de plusieurs personnes. Les choses étaient blanches, ou noires. Il aimait ou ignorait les gens. Yesirah se demanda s’il avait déjà été amoureux et quelle place elle occupait dans son schéma si particulier.

Elle porta son verre à ses lèvres et sirota lentement le vin sombre et lourd. Il était rond et fruité dans la bouche, légèrement acide dans la gorge. Darkham était déjà reparti dans ses histoires de travail. Auditeur dans un cabinet renommé, il s’exaltait à les raconter ; son visage s’animait, le ton de sa voix s’intensifiait, ses yeux brillaient. De temps en temps, il éclatait d’un rire sonore. Sa bouche charnue se tordait,  une lueur de folie brillait sans ses yeux et il s’agitait sur sa chaise. Yesirah détestait ce rire. Il était brutal, il n’était pas joyeux ; c’était un rire carnassier. Aucun rapport avec la finesse, l’intelligence et l’érotisme contenu du rire d’Antise. Elle renonça à se confier et par lassitude feignit de s’intéresser à ses récits.

Ils se retrouvèrent dans la rue et il l’enlaça.

-Je t’emmène dans mia casa ?

Yesirah feignit d’être fatiguée. Il ne voyait décidément rien…Elle sentait l’écart se creuser entre eux, et le fait qu’il ne le sente pas l’éloignait davantage. Elle eut l’envie profonde et le besoin de voir Antise.

Yesirah marcha vers la petite rue où elle avait garé sa voiture et s’y enferma. Elle ouvrit son sac à main et sa main tâta à la recherche de son téléphone.

-Je peux venir ?

-oui

Yesirah fit la route, fébrile, jusqu’à Fresnes. Elle tapota le code sur l’interphone et fut soulagée de ne pas avoir à attendre l’ascenseur. La porte de l’appartement était légèrement entrouverte, découvrant un filet de lumière.

Antise la regarda sans un mot, et la poussa  contre le mur de l’appartement, dans le couloir sombre. Yesirah se laissa faire. Elle assumait sa position de coupable, et aurait demandé sa rémission par tous les moyens. Il baissa les bretelles de son débardeur et dégrafa son soutien gorge.  Il la plaqua contre le mur et Yesirah sentit le choc du froid sur sa poitrine comprimée. Elle cambra les reins et appuya ses mains au mur, essayant de se décoller un peu. Elle entendit derrière elle tinter la boucle de sa ceinture. D’une main Il appuya fermement sur sa tête et de l’autre il caressa sa joue. Yesirah ne le voyait pas. Elle sentit sa bouche humide à son oreille. -Tu le mérites et tu le sais…-Il ne prit pas la peine de retirer son pantalon entièrement.  Il appliqua ses doigts humides sur ses hanches et enfonça son sexe en elle. Il la retourna brusquement. Il l’agenouilla. Il était debout et tenait son sexe dans sa main. Yesirah le regardait, à genoux sur le sol froid, défaite. Elle avait les seins rougis par les frottements et le sexe coulant. Il ne détacha pas son regard du sien et son sperme gicla sur les seins offerts.

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