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31 janvier 2011

Chapître 13 - Fresnes, juin 2007.

En se remémorant la scène, Yesirah se rendit compte de ce qu’elle n’avait pas voulu voir alors. La tendresse qui suivit cette violence fut brève et n’avait plus rien à voir avec celle du début. Une forme de possession avait pris sa place. Yesirah frissonna. Elle aimait être possédée par cet homme et donnerait n’importe quoi…

Yesirah reprit le fil des événements et se demanda pourquoi elle n'avait pas quitté  Darkham plus tôt. Avec le recul, il était évident qu’Antise souffrait ; la Yesirah d’alors le sentait mais, aveuglée par sa propre souffrance, elle ne retenait que la menace faite à sa propre liberté.

Le lendemain, elle se réveilla et laissa ses tympans se faire au matin, essayant de détecter les bruits familiers de la chambre. Quelques sons lointains venaient d’une autre pièce ; elle ouvrit les yeux, elle était seule dans le lit défait.

Elle se leva gauchement, la tête lui tournait. La porte de la chambre était ouverte ; elle se stabilisa et se dirigea vers la cuisine. Antise était debout, une tasse de café à la main. Il la regarda et ses lèvres ne bougèrent pas. Ça va ? fit-elle d’une voix endormie. Il acquiesça. Elle se servit une tasse et s’assit. Il restait debout, tourné vers la fenêtre. Dehors, quelques enfants du quartier jouaient sur des portiques. Il avait plu pendant la nuit et une légère vapeur montait des herbes hautes, sous l’effet du soleil de midi.

Elle finit sa tasse de café et s’étira.

-Qu’est ce que tu regardes ?

Elle se leva et le rejoignit à la fenêtre. Elle posa son menton sur l’épaule d’Antise, qui n’avait pas bougé.

Antise se dégagea et fit un mouvement vers le salon.

- Il faut se dépêcher, si on veut avoir le temps de courir avant la fermeture du Parc.

Yesirah ne répondit pas et le suivit dans le salon.

- Qu’est ce qu’il y a ?

-Rien

-Je vois bien qu’il y a quelque chose…

Antise se retourna. Ses pupilles grises étaient fixes, la voix blanche.

-Tu m’as menti.

-Quoi ?... Comment ça je t’ai menti ? Non, tu sais tout, je te l’ai dit. Je ne le vois plus...

Yesirah voyait le dos d’Antise, bloc immobile et mince, tourné vers la baie vitrée du balcon.  Quelques tours dans le lointain brisaient la ligne bleue de l’horizon.

-J’ai lu tes mails.

Yesirah sentit son souffle s’arrêter et l’air lui manquer. Elle ne reconnut pas sa voix.

-Attends, tu as fouillé dans ma messagerie ?

-Tu m’as menti…

Yesirah sentit quelque chose exploser à l’intérieur. Une implosion sourde mais immense.

-Je ne t’ai pas menti - Les mots sortirent seuls de sa bouche et à mesure qu’ils sortaient, l’explosion grandissait. Lente, béante, rouge. Etait ce d’être découverte, ou le fait qu’il avait fouillé dans ses affaires…

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